JeanPierre SimĂ©on. Extrait de La nuit respire (Cheyne Ă©diteur). Taar Ben Jelloun -Chaque visage est un miracle (extraits) Voeux pour 2017 du club PoĂ©sie. Je te souhaite du plaisir avec un pull qui grandit comme toi parce que tu l'as depuis dix ans. et qui te prĂ©vient quand le chat arrive. Je te souhaite de la paix en Syrie et partout dans le monde. Je te souhaite Pour chacun une bouche deux yeux deux mains deux jambes Rien ne ressemble plus Ă  un homme qu’un autre homme Alors entre la bouche qui blesse et la bouche qui console entre les yeux qui condamnent et les yeux qui Ă©clairent entre les mains qui donnent et les mains qui dĂ©pouillent entre le pas sans trace et les pas qui nous guident oĂč est la diffĂ©rence la mystĂ©rieuse diffĂ©rence ? Jean-Pierre SimĂ©on PoĂ©sied’aujourd’hui. Accueil > Mots-clĂ©s > Index > SimĂ©on, Jean-Pierre. SimĂ©on, Jean-Pierre. Articles. Politique de la beautĂ© de Jean-Pierre SimĂ©on par Jean D’AmĂ©rique. 20 octobre 2018, par CĂ©cile Guivarch. Notes de VĂ©ronique Elfakir. 9 fĂ©vrier, par CĂ©cile Guivarch. Lessives Ă©tendues : une anthologie proposĂ©e par Roselyne Sibille . 15 janvier 2017, par
PoĂ©sie la diffĂ©rence. Pour chacun une bouche deux yeux deux mains deux jambes Rien ne ressemble plus Ă  un homme qu'un autre homme Alors entre la bouche qui blesse et la bouche qui console entre les yeux qui condamnent et les yeux qui Ă©clairent entre les mains qui donnent et les mains qui dĂ©pouillent entre les pas sans trace et les pas qui nous guident oĂč est la diffĂ©rence la mystĂ©rieuse diffĂ©rence? Jean-Pierre SimĂ©on
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18nov. 2016 - Cette épingle a été découverte par Jacline44. Découvrez vos propres épingles sur Pinterest et enregistrez-les.
Un rĂ©citde ChloĂ© LandriotPrĂ©face de Jean-Pierre SimĂ©onCoĂ©dition DĂ©charge et Gros Textes, 48 p., 6 €Paradoxe ChloĂ© Landriot est une jeune femme de 36 ans qui cĂ©lĂšbre les temps anciens. Son petit livre s’impose par sa diffĂ©rence dans le champ des parutions actuelles intitulĂ© sobrement Un rĂ©cit, c’est une genĂšse du monde, qui renoue avec la fantaisie et le mystĂšre d’un poĂšme est portĂ© par le souffle, le chant rythmĂ© par la longueur des vers et les jeux sur les commence bien dans les noces de l’eau et de la lumiĂšre jaillissent la terre, les plantes et les bĂȘtes, et puis les hommes et le verbe. Le poĂšte cĂ©lĂšbre alors l’harmonie heureuse et les mĂ©tamorphoses du vivant. Nous avons Ă©tĂ© des arbres/Sans effort nos racines/Ont lentement plongĂ© dans le sol/Faites pour Ă©pouser la terre. »Mais vient le rĂšgne de la rationalitĂ© et de ses excĂšs le langage devient instrument de classification. Le monde n’est plus qu’un catalogue » Ă  la merci de l’homme, qui le dĂ©coupe jusqu’à le tuer. Le texte est alors interrompu par le dessin d’une vague dĂ©chaĂźnĂ©e, de l’artiste An SĂ©. Puis ce monde mort, et bien mort, renaĂźt de nouveau Ă  la lumiĂšre. ChloĂ© Landriot explique J’ai peur. J’ai peur pour la planĂšte, pour la Terre, pour mes deux jeunes enfants. Mais c’est parce que je crois Ă  la destruction probable du monde que je m’efforce d’ĂȘtre heureuse. Et la poĂ©sie rĂ©vĂšle l’intensitĂ© de mon sentiment d’ĂȘtre en vie. » La revue DĂ©charge, qui, depuis sa crĂ©ation en 1981, a publiĂ© plus de 1 500 poĂštes d’aujourd’hui, invite les nouveaux talents Ă  publier des recueils chez un Ă©diteur partenaire, Gros livrets fabriquĂ©s artisanalement sont vendus Ă  un prix modique.
Introductionde Jean Pierre SimĂ©on 1) « La poĂ©sie, pas peur !» p.4 2) Catalogue d’actions proposĂ©es aux enseignants par le Printemps des PoĂštes p. 6 Fiches pratiques pour mettre en oeuvre les actions − donner Ă  Ă©couter, Ă  lire, offrir p. 7 − l'oralitĂ© en poĂ©sie p. 11 − avec des partenaires – intervenants p. 13 − Ă©crire p. 16 − les prix de poĂ©sie p. 17 3) 14 e
Prochains rendez-vous du Club PoĂ©sie mercredi 28 juin de 14h Ă  16h et le lundi de 12h Ă  12h30 APC du CLUB PoĂ©sie Mercredi 17 mai PoĂšmes autodatĂ©s et poĂšmes adressĂ©s Tridents Bigorneau perceur tu appelles la moule visseuse **** La carpe Ă  moustaches se rĂ©chauffe au fond de l'Ă©tang **** Un saule pleureur parapluie recherche un coiffeur **** RiviĂšre accrochĂ©e au barrage pend Ă  son courant **** L'Ă©pinoche bleue a un ventre orange trĂšs vif *** Dorian ; Kemo ; Lucie ; Yuna; APC du CLUB PoĂ©sie Mercredi 29 mars Ă  l'EHPAD avec CĂ©cile Riou APC du CLUB PoĂ©sie Mercredi 1er mars Ă  l'EHPAD avec Eduardo Berti de l'Oulipo APC du CLUB PoĂ©sie Mercredi 11 janvier La diffĂ©rence Pour chacun une bouche deux yeuxdeux mains et deux jambes Rien ne ressemble plus Ă  un hommequ’un autre homme Alorsentre la bouche qui blesseet la bouche qui console entre les yeux qui condamnentet les yeux qui Ă©clairent entre les mains qui donnentet les mains qui dĂ©pouillent entre les pas sans traceet les pas qui nous guident oĂč est la diffĂ©rencela mystĂ©rieuse diffĂ©rence ? Jean-Pierre SimĂ©on Extrait de La nuit respire Cheyne Ă©diteur. Taar Ben Jelloun -Chaque visage est un miracle extraits Voeux pour 2017 du club PoĂ©sie Je te souhaite du plaisir avec un pull qui grandit comme toi parce que tu l'as depuis dix ans et qui te prĂ©vient quand le chat arrive. Je te souhaite de la paix en Syrie et partout dans le monde. Je te souhaite d'oublier les dĂ©voreurs de papier et d'ignorer les fabricants d'allumettes pour arrĂȘter la disparition des forĂȘts, Je te souhaite que le PĂšre NoĂ«l ne vieillisse pas mĂȘme s'il n'existe pas, Je te souhaite que les lions vivent en paix et aient de grands espaces. Je te souhaite que les abeilles ne disparaissent pas mĂȘme si je n'aime pas le miel car elles sont importantes dans la vie d'un homme et sans elles il n'y aurait plus de fleurs, Je te souhaite d'avoir partout dans le monde des prĂ©s sans pollution et, dans les forĂȘts sombres, des coins fleuris. Je te souhaite de dĂ©couvrir d'autres mondes qui n'ont jamais Ă©tĂ© polluĂ©s parce que les habitants se dĂ©placent Ă©cologiquement. Je te souhaite d'aimer les gens et de ne pas les oublier s'ils se sacrifient pour toi et tes amis ou pour d'autres personnes. Je te souhaite aussi d'agrandir ta famille pour ne jamais couper le cordon - parents Ă©ternels – amour Ă©ternel. Je te souhaite encore d'avoir la plus belle vie du monde et de gagner ta vie avec la douceur, Je te souhaite encore de ne pas ĂȘtre parfait et d'avoir des dĂ©fauts parce que l'on s'ennuierait de ne plus avoir de diffĂ©rences. Je te souhaite enfin des attentats de bisous et une mitraillette Ă  cĂąlins et un bazooka Ă  chocolat. Je te souhaite surtout de trouver le bonheur Ă  ta porte. Lukas ; Erwan ; Lucie ; Kemo ; RaphaĂ«l ; E. ;Dorian ; Gabrielle ; Quentin ; BĂ©rangĂšre ; Romane ; L ; K ;... PoĂšme de tĂ©lĂ©phone Ici Robert Rapilly, appel au Club PoĂ©sie 1 2 3 Soleil de CrĂ©ances, acceptez-vous d’entendre en ce mercredi 7 dĂ©cembre 2016 un poĂšme de tĂ©lĂ©phone ?Voulez-vous donc savoir comment composer un poĂšme de tĂ©lĂ©phone ?Admettons que la rĂ©ponse soit oui, voici donc un poĂšme de tĂ©lĂ©phone qui dĂ©crit ce qu’est un poĂšme de poĂšme de tĂ©lĂ©phone s’écrit Ă  toute vitesse devant son tĂ©lĂ©phone au moment oĂč l’on va passer un coup de poĂšme sera dit une fois la communication tĂ©lĂ©phonique Ă©tablie, sans laisser Ă  l’oreille qui dĂ©croche le temps de rĂ©pondre, sinon bonjour, oui, non, au revoir...Il n’est pas malpoli, quand on est poĂšte de tĂ©lĂ©phone, d’interrompre aussitĂŽt la voix qui que notre poĂšme sera prĂ©cĂ©dĂ© d’un bref rappel des circonstances, par exemple Ici Robert Rapilly, appel au Club PoĂ©sie 1 2 3 Soleil de CrĂ©ances, acceptez-vous d’entendre en ce mercredi 7 dĂ©cembre 2016 un poĂšme de tĂ©lĂ©phone ? »S’ensuivra le texte du poĂšme, Ă©crit en une seule fois juste avant de vers peuvent ĂȘtre libres ni rimes, ni mesure prĂ©cise des syllabes... Mais rien ne nous empĂȘche avant que l’on dĂ©croche et tape un numĂ©ro – dix chiffres au cadran – que l’on rythme le texte en bornant chaque strophe de vers bien mesurĂ©s tels que l’ peut aussi avoir composĂ© Ă  toute vitesse un sĂ©lĂ©net, une morale Ă©lĂ©mentaire, un acrostiche sur le prĂ©nom de la personne qu’on appelle... bref, n’importe quelle autre forme poĂ©tique comme il nous poĂšmes de tĂ©lĂ©phone se terminent au bout d’une seule comptent deux strophes, quand il y a une faciliter la rĂ©ponse, il est conseillĂ© d’envoyer le texte du poĂšme de tĂ©lĂ©phone que l’on vient de dire sous forme de revoir, Ă  bientĂŽt, c’est en gĂ©nĂ©ral par ces mots que se termine un poĂšme de revoir ! À bientĂŽt, cher Club PoĂ©sie 1 2 3 Soleil de CrĂ©ances !-R_ Nuit d'hiver -Guy de Maupassant Nuit d'hiver de Guy de Maupassant POUR UN ART POETIQUE Prenez un mot prenez-en deux faites-les cuir' comme des oeufs prenez un petit bout de sens puis un grand morceau d'innocence faites chauffer Ă  petit feu au petit feu de latechnique versez la sauce Ă©nigmatique saupoudrez de quelques Ă©toiles poivrez et puis mettez les voiles oĂč voulez-vous en venir ? A Ă©crire Vraiment ?A Ă©crire ?? Raymond Queneau Chien Ă  la mandoline Recette pour faire une chanson Choisissez une musique Épluchez des mots rigolos Tournez une journĂ©e oĂč il fait beau Plongez dans la pluie Égouttez au soleil Ajoutez des morceaux de musique. ClĂ©mence. Recette pour lire Grattez des mots gravĂ©s Badigeonnez avec un pinceau d'eau douce Saupoudrez de joie Poivrez les fins des verbes Faites les cuire dans votre cerveau DĂ©gustez les mots les plus gentils. Quentin Recette pour fabriquer des PokĂ©mons Faites cuire des Ɠufs multicolore MĂ©langez avec des fossile prĂ©historique Jetez les petits cailloux pointue Portez Ă  Ă©bullition Mettez le tout dans incubateur Retirez avec prĂ©caution et disposez le tout dans la montagne. Lukas La recette pour faire un orage Epluchez un nuage Coupez en rondelles des morceaux de bleu Mettez les en gris. Videz le soleil de son feu Lavez les graviers PrĂ©chauffez votre k way Attendez que votre orage arrive Et disposez les gouttiĂšres Puis servez-vous de sĂ©clairs pour vous faire griller. Gabrielle Lemoigne Recette pour rĂȘver PrĂ©parez fĂ©e et chevaliers Garnissez de chĂąteau et de grands voiliers Roulez-vous dans les draps Ajoutez un tour de bras Mettez du sable du marchand de la nuit Servez vous de vos yeux pour vous endormir sans bruit, Lucie Recette pour ĂȘtre libre Coupez les fils de soie Retirez les les chaĂźnes en bois Enlevez les menottes de plastique Travaillez avec les anges en porcelaine Mettez une robe de verre Remuez votre pull-over Versez-vous un cocktail de laine Servez-vous de l’eau de porcelaine, Lucie Recette pour faire un conte de fĂ©es Épluchez un rĂ©sumĂ© d'histoire. Coupez ce qu'on ne peut savoir. Mettez un bon roi de cĂŽtĂ©. Farcissez d'ogres et de fĂ©es. Ajoutez-y une princesse. Ficelez-la avec tendresse. Mettez au chaud jusqu'Ă  demain. Servez avec sept petits nains. Recette pour jouer sous la pluie Versez beaucoup d'eau. MĂ©langez dans un seau. Couvrez d'un parapluie. Ajoutez quelques nuages gris. Portez Ă  Ă©bullition. Attendez l'explosion. Mettez vos bottes en or. Sortez dehors. Servez vous des flaques Puis sautez Plic ! Plac ! PoĂšme collectif
Rienne ressemble plus Ă  un homme qu'un autre homme. Alors, entre la bouche qui blesse et la bouche qui console Entre les yeux qui condamnent et
Pour chacun une bouche deux yeux deux mains deux jambes Rien ne ressemble plus Ă  un homme qu'un autre homme Alors entre la bouche qui blesse et la bouche qui console entre les yeux qui condamnent et les yeux qui Ă©clairent entre les mains qui donnent et les mains qui dĂ©pouillent entre les pas sans trace et les pas qui nous guident oĂč est la diffĂ©rence la mystĂ©rieuse diffĂ©rence? Jean-Pierre SimĂ©on
UnpoĂšte, Jean-Pierre SimĂ©on SCEREN Seuil 2003 Un livre sous forme de lettre Ă  un correspondant intimidĂ© par la poĂ©sie afin de lui donner des clĂ©fs pour l’apprivoiser. Une sorte d’ouvre – boĂźte pour pouvoir dire : « La poĂ©sie, pas peur.
Chaque matin simplement reparlons-nous du bonheur comme chaque matin on remet ses chaussures C’est par ces mots que Jean-Pierre SimĂ©on, fondateur du Printemps des PoĂštes, Ă©diteur de poĂ©sie et poĂšte lui-mĂȘme a dĂ©cidĂ© d’ouvrir son recueil Politique de la BeautĂ©, paru en 2016. Nous avons voulu rencontrer l’homme qui est Ă©galement l’auteur, dans un proche registre, de La PoĂ©sie sauvera le Monde ou de Lettre Ă  la Femme aimĂ©e au sujet de la Mort pour savoir si la beautĂ© peut vĂ©ritablement ĂȘtre une politique, et ce que ça voudrait dire. Nous pensions deviser esthĂ©tique, lui parlait libertĂ©. Nous croyons que cet entretien, rĂ©alisĂ© avant la pandĂ©mie de ghrume, redonnera Ă  d’autres le courage voire, si nĂ©cessaire, l’envie de vivre, comme il le fit pour nous. La poĂ©sie pourrait-elle nous rappeler ce que vivre signifie ? Écoutons. Jean-Pierre SimĂ©on © Le Printemps des PoĂštes La beautĂ© que l’on croit PostAp Mag. Les temps sont un peu compliquĂ©s
 Est-ce vraiment le moment de lire de la poĂ©sie ou mĂȘme, d’ailleurs, de s’y consacrer ?Jean-Pierre SimĂ©on. Je suis prĂ©cisĂ©ment convaincu que la poĂ©sie est nĂ©cessaire, utile, voire urgente, dans le contexte d’un monde chahutĂ©, tourmenté  OĂč tout va mal, quoi. Parce que la poĂ©sie incarne, manifeste mais permet aussi de partager, de prendre conscience de ce que l’on appelle gĂ©nĂ©ralement la beautĂ© ». C’est un terme attrape-tout, je le sais bien. C’est pour cela que j’essaie de dire, dans ce livre, ce que j’entends, moi, par beautĂ© ». La beautĂ© ce n’est pas, Ă  mon sens, la belle forme, l’harmonie, toutes ces reprĂ©sentations hĂ©ritĂ©es de la tradition, que j’estime enfermantes. Pour moi, la beautĂ©, donc ce que la poĂ©sie exprime, c’est quelque chose qui est de l’ordre de l’énergie. De l’ordre de se tenir debout, de se dresser, dans une sorte d’appĂ©tit du monde et de la rĂ©alitĂ©. Ce mot recouvrirait donc un certain nombre de qualitĂ©s humaines, notamment d’ordre Ă©thique c’est l’énergie, c’est le courage. C’est la luciditĂ©, qui est un courage aussi. C’est le mouvement vers. C’est tout le contraire de l’arrĂȘt, du dĂ©couragement, du ressassement, de la dĂ©ception, de l’enfermement dans l’abandon de tout. J’appelle beautĂ© » tout ce qui est mouvement vers, en fait. Et c’est ce mouvement qui fonde, pour moi, l’humain. PAM. La beautĂ© est en nous ? Car on a souvent l’idĂ©e d’une beautĂ© immanente, lointaine que les artistes, insuffisamment, piteusement, tenteraient de reconstruire
 S. Oui, elle est en nous ! C’est une question immense, bien entendu, et je voudrais d’entrĂ©e prĂ©ciser que je ne la pose pas en tant que philosophe, mais bien en tant que poĂšte je raisonne au plus prĂšs de ma propre sensation des choses, et rien d’autre. C’est la limite de ma parole, sa subjectivitĂ©, que j’assume, car c’est le fait du poĂšte. Pour moi, la beautĂ© se conquiert, se construit. Le mot beautĂ© » n’a de sens que dans une dialectique de combat, d’une lutte quotidienne, individuelle et collective le combat contre la laideur. Et je nomme laideur tout ce qui est forces antagonistes de l’humain », autrement dit tout ce qui est l’alliĂ© de la mort. Toutes les violences faites Ă  l’humain par l’humain et toutes les violences faites Ă  l’homme en l’homme, Ă  la femme en la femme, malgrĂ© lui, malgrĂ© elle. Tous les dĂ©mentis de la vie. Toutes les agressions faites Ă  la vie, dans la vie mĂȘme. Parce que, au fond, notre vie est un combat perpĂ©tuel contre le gouffre et l’abĂźme. PAM. Euh
 S. Je pense que tout commence par la catastrophe. Je l’ai dit souvent, je l’ai Ă©crit. La catastrophe de notre mort, pour commencer. DĂšs que l’on a un peu de conscience
 BĂ©bĂ©s, trĂšs tĂŽt nous vient la conscience de la solitude. LĂ  encore, je ne parle pas en psychanalyste. Je dis ce qu’il me semble. DĂšs qu’il quitte les bras de ses parents, un bĂ©bĂ© apprend la solitude. La solitude de l’enfant qui se trouve, soudain, posĂ© loin des bras, loin de la parole et des yeux, lui est terrible. Et cette solitude-lĂ , cette expĂ©rience de la sĂ©paration, de la perte, de la dĂ©possession, cette connaissance-lĂ , est physique, premiĂšre, initiale. C’est un aperçu de la mort et donc, on commence par la mort, d’une certaine façon. AussitĂŽt qu’on nait. AussitĂŽt qu’on nait, on prend le sentiment de la perte. De la dĂ©possession. De l’abandon. De la solitude. Il me semble que toute notre vie, Ă  la suite, est faite de la conscience de ça, et de l’effort pour dĂ©passer ça. Effort que la vie sans cesse dĂ©ment, puisqu’elle propose sans cesse des gouffres, des gouffres, des nouveaux gouffres et encore des gouffres, qui n’arrĂȘtent pas de confirmer que oui, si si, on est bel et bien nĂ© dans l’abĂźme. Vitraux de la synagogue de l’hĂŽpital d’Hadassah par Marc Chagall DĂ©tail. La vie Ă  plusieurs PAM. Oui, enfin, quand on Ă©coute un peu ce dont se plaint tout le monde, c’est plutĂŽt de payer trop d’impĂŽts. Ou pas les impĂŽts qu’il faudrait, Ă  la S. Bien sĂ»r. Je vais rĂ©pondre plus directement mais d’abord, je prĂ©cise que je parlais Ă©videmment d’un point de vue purement psychologique, du destin de la vie de chacun. De nos proches, qui meurent les uns aprĂšs les autres, jusqu’à ce que ce soit notre tour. On est mutilĂ© sans cesse comme ça. Et la beautĂ© dont je parle, ce construire-humain » donc, c’est ce qui s’inscrit contre ces mutilations. C’est sans cesse rĂ©parer la mutilation, d’abord, et la dĂ©passer, ensuite. Car autant on est mutilĂ©, autant on est augmentĂ© en face. Chaque mort, chaque dĂ©possession, chaque perte, chaque oubli qui nous dĂ©possĂšde
 À chaque fois on peut se reconstruire dans l’énergie inverse. Seulement, il faut le vouloir. Il faut pour cela un acte de dĂ©cision. C’est pourquoi, Ă  sa maniĂšre, ce titre, Politique de la BeautĂ©, insiste en rĂ©alitĂ© sur le mot politique » c’est une action concertĂ©e et rĂ©flĂ©chie. Mais Ă  la faveur de votre question marrante, il y a quelque chose dont je tiens compte, c’est que ce qui nous empĂȘche d’ĂȘtre humains et de nous accomplir dans l’humanitĂ©, c’est tout le reste. Tout ce qui est du domaine du concret et du matĂ©riel, c’est Ă  dire de la relation sociale par exemple, la relation Ă  l’autre, du moins telle qu’elle est dĂ©finie par les fonctions, les rĂŽles, les revenus des uns et des autres, et ainsi de suite. LĂ  oĂč sans cesse, on le voit bien, il y a des humiliations, des amputations, qui tiennent tout simplement Ă  l’ordinaire des mĂ©canismes sociaux. Et puis il y a aussi les grandes oppressions, symboliques, des sociĂ©tĂ©s religieuses, idĂ©ologiques et sociales. Oppressions et des mutilations, lĂ  encore. Pour le dire autrement, ou le redire il y a plein de strates d’empĂȘchements et nous sommes sans arrĂȘt au combat. Si l’on veut ĂȘtre une conscience libre, qui se dresse, qui possiblement trouve un sens Ă  sa vie, qui est en accord avec la vie, en accord exact avec la vie c’est cela qu’on appelle le bonheur, c’est pour cela qu’il ne saurait ĂȘtre qu’éphĂ©mĂšre et transitoire
 Eh bien, tout ça, ça ne se donne pas. Ça n’est pas donnĂ©, jamais. Ça ne peut se trouver que dans la conquĂȘte et dans le combat. PAM. Le combat ? S. Le combat contre ce que j’appelle la laideur. Toutes les laideurs de l’existence. Qu’elles soient mĂ©taphysiques, ontologiques, aussi bien que
 Disons, que toutes les merdes de l’existence, quoi. Tout ce qui est violence et agressions contre nos dĂ©sirs, contre notre volontĂ© d’ĂȘtre bien, libre et de vivre simplement.
JeanPierre SimĂ©on, agrĂ©gĂ© de lettres modernes, est l’auteur d’une vingtaine de recueils de poĂ©sie, mais Ă©galement de romans, de livres pour la jeunesse et de piĂšces de théùtre pour lesquels il a obtenu de nombreux prix. Il est aujourd’hui directeur artistique du Printemps des poĂštes et poĂšte associĂ© au Théùtre national populaire. 1. ComposĂ©e en Didot corps 12, cette Ă©dition de [ici le titre] a Ă©tĂ© tirĂ©e Ă  deux mille exemplaires pour l’automne [ici le millĂ©sime] sur les presses de Cheyne Ă©diteur, au Chambon-sur-Lignon, Haute-Loire.» L’inscription figure sur la derniĂšre page des livres de la prestigieuse collection verte deux nouveautĂ©s publiĂ©es par an. Les ouvrages sont consultables et caressables dans la librairie l’Arbre vagabond, QG du festival Lectures sous l’arbre organisĂ© par Cheyne. Papier vergĂ©, jaquettes Ă©lĂ©gantes et finement grenues, et le poinçon du plomb sur les pages cousues. Ce mĂȘme plomb qui, pieusement mĂȘlĂ© Ă  de l’antimoine, servit Ă  Gutenberg Ă  imprimer la premiĂšre Ă©dition latine de la Bible 1453. Un bel Ă©crin, les livres de Cheyne, mais pour quel trĂ©sor? Pour quelle parole sacrĂ©e?La suite aprĂšs la publicitĂ© Les Ă©crivains sur scĂšne un truc de beau gosse ? 2. Dans son Panorama de la poĂ©sie française aujourd’hui», Ă©voquĂ© dans une prĂ©cĂ©dente tribune, Jean-Michel Espitallier s’en prend Ă  ceux pour qui la poĂ©sie serait d'abord affaire de profondeurs, parole oraculaire 
 forant dans l'Ă©paisseur encrĂ©e de l’ineffable.» 3. D’oĂč parle Jean-Michel Espitallier? D’une esthĂ©tique joueuse et expĂ©rimentale, ennemie du lyrisme forcĂ©ment boursouflĂ©, adepte de la parodie et du dĂ©tournement – certaine avec ValĂ©ry que le plus profond, c’est la peau». Et d’une nĂ©buleuse de pouvoir Ă©ditorial qui rassemble les Ă©diteurs Al Dante et et le cipM Centre international de poĂ©sie de Marseille. A travers notamment la publication de l’anthologie PiĂšces dĂ©tachĂ©es» du mĂȘme Espitallier, en 2011 chez Pocket, et de celle d’Yves di Manno et Isabelle Garron dite anthologie Flammarion» en 2017 choix beaucoup plus vastes, mais affinitĂ©s Ă©lectives avec la premiĂšre, cette nĂ©buleuse a encore renforcĂ© sa visibilitĂ©, bien supĂ©rieure Ă  son poids rĂ©el. Dix pour cent de la poĂ©sie en France», tranche Jean-Pierre SimĂ©on, lyrique pas bĂ©gueule, fondateur du Printemps des poĂštes et membre du comitĂ© Ă©ditorial de Cheyne. "La poĂ©sie sauvera le monde" et puis quoi encore?La suite aprĂšs la publicitĂ© 4. Espitallier la poĂ©sie ennemie ne peut se concevoir qu'en Ă©troite association avec de beaux livres artisanaux. 
 Du coup, [elle] a fini par ĂȘtre parfois associĂ©e Ă  un artisanat sympathique, comme la boulangerie d'art et les tourneurs sur bois. Belle ouvrage et artisan-poĂšte, vaguement libertaire avec collĂ© aux basques un peu de cette terre "qui ne ment pas".» Fichtre. 5. Cheyne n’est pas un Ă©diteur de la ruralitĂ©, s’agace Jean-François Manier, son fondateur. Ce qui nous caractĂ©rise, c’est notre indĂ©pendance. Nous lisons, nous fabriquons, nous diffusons, nous distribuons. Nous avons une complĂšte indĂ©pendance Ă©conomique, Ă  la diffĂ©rence de L’Olivier Le Seuil et de [capital dĂ©tenu Ă  88% par Gallimard, NDLR].» 6. Oui, mais tout de mĂȘme. FlorilĂšge de titres du catalogue du Cheyne Venant le jour», MalgrĂ© la neige», l’Epine et sa mĂ©sange», Une femme de ferme», le Bois de hĂȘtres», MĂ©tairie des broussailles», le Livre des poules». FlorilĂšge Al Dante la PoĂ©sie motlĂ©culaire», Gang blues ecchymoses», Meurtre artistique munitions action explosion», FrĂšres numains discours aux classes intermĂ©diaires», Lecture de 5 faits d’actualitĂ© par un septuagĂ©naire bien sonné». Ce n’est pas tout Ă  fait le mĂȘme son de cloche ou de balle dum-dum. 7. Je ne sais pas trop ce que je fais ici, s’amuse la romanciĂšre Marie-HĂ©lĂšne Lafon, invitĂ©e du festival. Mais oui, sans doute, il existe une littĂ©rature des pays et des paysages dans laquelle je m’inscris, comme Pierre Michon, Pierre Bergounioux ou Mario Rigoni.»La suite aprĂšs la publicitĂ© Haute PoĂ©sie Bisounours et autres curiositĂ©s 8. De Cheyne on connaĂźt l’histoire, ressassĂ©e d’article en article la dĂ©couverte en 1977, par Jean-François Manier et sa compagne d’alors, d’une ancienne Ă©cole isolĂ©e sortant de la brume cf. JosĂ© Arcadio BuendĂ­a fondant Macondo, au sortir d’un rĂȘve, au dĂ©but de Cent ans de solitude», l’apprentissage de la typographie au plomb, le lancement en 1980, sans un sou, de la maison d’édition, le pari en 1992 d’un festival sur la base d’un concept porteur mettons un poĂšte sous un arbre
 L’histoire tend Ă  devenir story-telling et dĂ©tourner de l’essentiel les livres publiĂ©s. 9. Le haut pays» de Jacques Vandenschrink est celui des vents intransigeants» et du merle goulu», des martinets cisaillant le crĂ©puscule» et des mĂ©sanges saoulĂ©es de se dĂ©crocher en plein vol dans chaque merisier». Chez Julie Delaloye, on vit Ă  la lisiĂšre des brumes», on entend le chant portĂ© par la vigne», on sent la fraĂźcheur fidĂšle de l’herbe», on voit la paupiĂšre rompue du chamois». Chez Jean-Yves Masson, souvenir des vols d’abeilles», odeur des blĂ©s parfaits», cerf au regard vĂ©hĂ©ment». Ce n’est qu’un Ă©chantillon, mais s’il n’y a pas lĂ  une lignĂ©e d'hĂ©ritiers de Char et de Jaccottet paysage mĂ©diterranĂ©en – plus ou moins pentu – et mĂ©taphores en rafale
La suite aprĂšs la publicitĂ© Philippe Jaccottet, le trĂšs haut 10. Crypto-pĂ©tainiste, la poĂ©sie des champs, comme l’insinue taquinement Jean-Michel Espitallier? A la salle des Arts de Saint-AgrĂšve, pas trĂšs loin du Chambon-sur-Lignon, village collectivement Ă©levĂ© au rang de Juste par le mĂ©morial de Yad-Vashem, Denis Lavant a lu rauque, athlĂ©tique deux trĂšs courts textes de rĂ©sistance publiĂ©s par Cheyne. Matin brun » de Franck Pavloff 1998 est une fable grinçante et drĂŽle sur l'ascension de l'extrĂȘme-droite en France deux millions d'exemplaires vendus, grĂące Ă  une sorte d'effet Hessel – Indignez-vous» – avant la lettre. Traverser l’autoroute», de Maxime Fleury 2017, c’est un enfant devant une glissiĂšre d’autoroute, un flot de voitures, et de l’autre cĂŽtĂ©, peut-ĂȘtre, son pĂšre, avec qui il essaye de communiquer en langue des signes. C’est le gamin qui raconte, il parle un peu comme le Momo de Romain Gary dans la Vie devant soi» – le genre tĂŽt grandi. Au milieu des bidons, des palettes et des parpaings, dans son campement sans eau potable, il se sent comme ces gouttes de pluie sans destin C’est comme nous, on vient de loin et on s’écrase au bord de l’autoroute.» Sur scĂšne, Edwy Plenel l’Edwy Plenel Mediapart est partenaire du festival ponctue, prolonge. Parle des rĂ©fugiĂ©s Quand quelqu’un coule, on le sauve.», cite PĂ©guy Il y a quelque chose de pire que d'avoir une Ăąme mĂȘme perverse. C'est d'avoir une Ăąme habituĂ©e.». Se moque de lui-mĂȘme Encore un prĂȘche du pĂšre Plenel!»La suite aprĂšs la publicitĂ© "Si PĂ©guy me proposait un article pour Mediapart
" entretien avec Edwy Plenel 11. La soirĂ©e Neruda plombe un peu. Passons sur les juvĂ©niles poĂšmes d’amour, dont la traduction rĂ©clamerait une langue semblable cristalline et facile Ă  celle de cet autre poĂšte Ă©lu des draps», Paul Éluard. Reste le Neruda politique, dessillĂ© par la guerre d’Espagne, guĂ©ri de ses dĂ©rives gidiennes et rilkiennes», torrentiel et gĂ©nial sans doute, mais stalinien sinon de cƓur, du moins de style. Tu m’as fait l’adversaire du mĂ©chant, tu m’as fait mur contre le frĂ©nĂ©tique 
/Tu m’as rendu indestructible car grĂące Ă  toi je ne finis plus avec moi.» A mon parti» 12. La figure du poĂšte-phare fait rire aujourd’hui petits et grands. Mais sans doute faut-il prendre en compte les contextes historiques et locaux. J’ai grandi dans une culture oĂč les politiques sont des poĂštes, oĂč l’art oratoire est un art poĂ©tique, se souvient Edwy Plenel, qui a vĂ©cu Ă  la Martinique jusqu’à l’ñge de 10 ans. La poĂ©sie de CĂ©saire, qui semble hermĂ©tique, complexe, est trĂšs concrĂšte. Le matin il recevait Ă  la mairie, Ă  midi il partait avec son chauffeur et faisait le tour de l’üle. Sa poĂ©sie est en partie nourrie de ces promenades.» 13. Nos Ă©lites hexagonales issues de l’X ou de ENA, poursuit Plenel, regardent ça avec dĂ©dain, comme si ce n’était qu’un supplĂ©ment d’ñme, une distraction. Leur monde est dĂ©pourvu d’imaginaire.» Il est temps de changer de sĂ©rieux», dit d’une autre façon Jean-Pierre-SimĂ©on dans son essai la PoĂ©sie changera le monde», qui invite Ă  dresser dans l’espace public la barricade du poĂšme». Hmmmm. Dans son blog, l’écrivain Pierre Jourde se moque de cette doxa indĂ©finiment rĂ©pĂ©tĂ©e depuis deux siĂšcles, avec ses synonymes interchangeables, rĂ©bellion, insurrection, insoumission, qui trouve son apogĂ©e grotesque dans "l’Éloge des voleurs de feu" de Dominique de Villepin, le fameux marginal».La suite aprĂšs la publicitĂ© L'insurrection institutionnelle, par Pierre Jourde 14. Dans son essai cependant, SimĂ©on parle d’autre chose. D’une langue appauvrie par ses usages mĂ©diatiques et technocratiques, et d’un imaginaire devenu territoire occupĂ© et soumis». J’en ai Ă©tĂ© tĂ©moin tant de fois la plupart de ceux qui 
 entendent un poĂšme Ă  eux offerts Ă  l’improviste, remercient. J’ai eu le sentiment parfois qu’ils y retrouvaient une dignitĂ© et comme une fiertĂ© pour eux-mĂȘmes.» Denis Lavant J’ai fait cinq lectures en Russie, entre Ekaterinburg et Rostov, devant un public qui considĂ©rait que la poĂ©sie avait une grande importance. En Colombie aussi, la poĂ©sie est dans la vie.» 15. Revenons au catalogue du Cheyne, qu’il serait injuste de rĂ©duire Ă  quelques Ă©pigones d’une poĂ©sie altiĂšre qui fait sa mystĂ©rieuse. Je m’accroche Ă  la nuit, qu’est-ce que ça veut dire?» Ito Naga est perplexe. La mĂ©taphore, ça n’est pas son truc. Lui est astrophysicien, il a d’autres motifs d’étonnement. On ne pense pas [que la lune] peut trembler au moment oĂč on la regarde. Il y a des tremblements de lune comme il y a des tremblements de terre.» Mais l’astrophysique, dit-il, ça n’est pas ça qui permet d’ĂȘtre au monde. Il a placĂ© en en-tĂȘte de son livre NGC 224» une citation de Rilke Être ici est une splendeur.» Par exemple Ă  cet instant prĂ©cis "Ah ! Tu es comme ça, toi ?", s’est Ă©tonnĂ©e cette enfant quand je suis ressorti de l’eau aprĂšs un plongeon dans la piscine.» Ses petits vertiges», Ito Naga haut gentleman Ă  l’Ɠil bleu perchĂ© les doit aussi Ă  sa longue frĂ©quentation du Japon. Pour faire des raviolis, on dit en japonais qu’il faut pĂ©trir la pĂąte jusqu’à ce qu’elle ait la consistance des lobes d’oreille mimi tabu. La poĂ©sie serait-elle simplement le goĂ»t des choses?» Glissements, rebondissement, dĂ©rivations avec un art consommĂ© du montage, l’auteur coud ses fragments – bouts philosophiques, boutures de sensations, pĂ©pites philologiques, demi-blagues
 Ses quatre livres sont Ă©galement suite aprĂšs la publicitĂ© Le long cri d'AimĂ© CĂ©saire n'a pas fini de rĂ©sonner 16. La mĂ©taphore, Jean-Claude Dubois ne l’aime guĂšre non plus. Il revient de loin, du lyrisme Ă©bouriffĂ© du surrĂ©alisme. Et puis il a rencontrĂ© Guillevic des textes trĂšs courts, des distiques souvent, de 8 Ă  10 syllabes, sans images, sans clinquant, sans scintillement.» Rencontre avec une forme, mais aussi avec un alter ego solitaire, qui, enfant, communiquait avec un bol, une bouteille, une table, n’avait pas mĂȘme un animal, a perçu la vie dans les pierres.» Son livre Le Canal» raconte une transaction secrĂšte» la plus belle dĂ©finition de la poĂ©sie, elle est de Jaccottet» entre un enfant et un canal. J’avais dix ou douze ans. Mon compagnon de jeu Ă©tait un canal Ă  grand gabarit. 
 J’écoutais le canal rendre la justice./ Quand il avait fini,/je rentrais chez moi./Il retournait dans son verre d’eau.» Dans le canal il y a des aĂŻeux, une femme d’octobre mais on ne sait plus de quel jour 
 qui pose son village sur la table de nuit et s’endort.» Et puis ce canal fait de vinaigre/et d’ennuis», couleur de noyade» Cioran en exergue, il faut le quitter, s’en dĂ©pĂȘtrer comme Ă  regret, peut-ĂȘtre pour grandir. Le Canal» est tissĂ© d’un charme douceĂątre et brumeux, d’épiphanies discrĂštes, de dĂ©solations retenues. On songe parfois Ă  un Christian Bobin sans Dieu. C’est dire si la voix de Jean-Claude Dubois est suite aprĂšs la publicitĂ© Les bons sentiments de Christian Bobin font-ils de la bonne littĂ©rature? 17. Robert et JosĂ©phine », de Christiane Veschambre, est un autre livre fondĂ© sur le montage, qui Ă©voque par sĂ©quences l’histoire des parents de l’auteure JosĂ©phine arrive Ă  la Jeune France», trouve une famille», va chercher son mari Ă  la sortie de l’usine», repasse», n’a plus d’argent»  CinĂ©ma trouĂ© de l’expĂ©rience intĂ©rieure», de l’émotion mĂ©ditĂ©e» Bataille. Mais la langue est Ă  l’opposĂ© de l’écriture behavioriste du commun des scĂ©narios. Il s’agit, pour l’écrivain, de faire taire en soi la belle langue» 
 pour qu’aprĂšs le silence puisse surgir la langue des soubassements» selon GĂ©rard Noiret sur l’excellent site En attendant Nadeau. Une basse langue», des mots pauvres» titres de deux autres recueils de Veschambre Quand JosĂ©phine/est apparue//sur terre/personne//ne s’en est aperçu.» Chercher une basse langue pour camper les gens de peu» le sociologue Pierre Sansot, c’est en somme le contraire du projet d’un Pierre Michon. Christiane Veschambre se place du cĂŽtĂ© des microgrammes» de Robert Walser, d’Erri de Luca, d’Emily Dickinson. Les mains de JosĂ©phine/au-dessus du drap repliĂ©/qui protĂšge la table/et borde la page/que l’enfant tourne». Un critique ne devrait pas dire ça tout le livre est trĂšs suite aprĂšs la publicitĂ© Que s'est-il passĂ© dans la poĂ©sie française depuis un demi-siĂšcle ? 18. Pas de tendance fracassante, de trending poetic; pas de post-liturgistes, pas de supra-spleenĂ©tiques; la poĂ©sie est devenue bien ennuyeuse. Ah si, tout de mĂȘme le recueil» est Ă  la baisse, le livre» Ă  la hausse. Ce n’est sans doute pas juste une coquetterie de dĂ©nomination. Jean-Claude Dubois par exemple, au cours d’une causerie sur Guillevic, insistait sur la nĂ©cessitĂ© de travailler un thĂšme jusqu’au cƓur». Ito Naga et Christiane Veschambre ne diraient pas autre chose. Ce qui se joue? L’effacement relatif du livre de poĂ©sie pensĂ© comme un florilĂšge de flĂšches, d’épiphanies – loin des moments nuls» de la vie que Breton jugeait indigne de cristalliser». JB Corteggianiauteur et rĂ©alisateur
Introductionde Jean Pierre SimĂ©on 1) « La poĂ©sie, pas peur !» p.4 2) Catalogue d’actions proposĂ©es aux enseignants par le Printemps des PoĂštes p. 7 3) 13e Printemps des PoĂštes (2011) – « d'infinis paysages » p. 9 4) « Aux passeurs de poĂšmes » et co-Ă©ditions du Printemps des PoĂštes p. 10 5) L’action du Printemps des PoĂštes tout au long de l’annĂ©e en faveur du milieu
Ainsi, il paraĂźt pertinent d’interroger les passerelles qui conduisent d’une Ɠuvre Ă  une autre. Le poĂšme de Jean-Pierre SimĂ©on La DiffĂ©rence in Jean-Pierre SimĂ©on, La Nuit respire, Le Chambon-sur-Lignon, Éditions Cheyne, 1997 est Ă  placer en Ă©cho Ă  ce court mĂ©trage et doit permettre aux Ă©lĂšves de s’emparer des mots du poĂšte, car derriĂšre ce poĂšme, il y a toute la question de l’ĂȘtre » qui suis-je ? OĂč suis-je ? OĂč vais-je ? Et qu’est-ce que le monde en moi, hors de moi ? Qu’est-ce que l’autre, que suis-je par rapport Ă  l’autre ? Il y a lĂ  les questions fondatrices, universelles de la DiffĂ©renceLa DiffĂ©rencePour chacun une bouche deux yeuxDeux mains deux jambesRien ne ressemble plus Ă  un hommequ’un autre hommeAlorsentre la bouche qui blesseet la bouche qui consoleentre les yeux qui condamnentet les yeux qui Ă©clairententre les mains qui donnentet les mains qui dĂ©pouillententre le pas sans traceet les pas qui nous guidentOĂč est la diffĂ©rencela mystĂ©rieuse diffĂ©rence ?La diction de l’enseignant doit ĂȘtre la plus neutre possible pour autoriser des lectures multiples et conserver la libertĂ© d’interprĂ©tation de l’élĂšve. La poĂ©sie est livrĂ©e plusieurs fois, puis, pour mĂ©moriser, les Ă©lĂšves peuvent dire des mots, des expressions, des vers prĂ©sents dans la poĂ©sie, la dire en Ă©cho, rĂ©pĂ©ter chacun des vers, une strophe entiĂšre, mentalement ou Ă  haute voix. Ils peuvent Ă©galement varier le ton, le dĂ©bit, la hauteur de voix, l’apprendre en questions-rĂ©ponses, en relais
 L’enseignant pourra alors interroger les Ă©lĂšves sur ce qui est commun entre le court mĂ©trage et le poĂšme. Le poĂšme de Jean-Pierre SimĂ©on mĂšnera indiscutablement les Ă©lĂšves vers cet autre qui est finalement le mĂȘme, vers les autres.
EtJean-Pierre SimĂ©on dĂ©veloppe cette idĂ©e : "La poĂ©sie n'est pas au coeur de notre comprĂ©hension de la vie sociale comme elle devrait l'ĂȘtre. C'est pourtant un
Ainsi disait, de façon prĂ©monitoire, Jean Cocteau La poĂ©sie est la plus haute expression permise Ă  l’homme. Il est normal qu’elle ne trouve plus aucune crĂ©ance dans un monde qui ne s’intĂ©resse qu’aux racontars.» En effet, la poĂ©sie n’est pas de l’ordre des racontars, en effet elle ne nous raconte pas d’histoires, une autre raison donc de l’exclure dans le hors-champ. 
 J’en ai Ă©tĂ© tĂ©moin tant de fois la plupart de ceux qui, accoutumĂ©s Ă  la langue basse de la logorrhĂ©e mĂ©diatique et du discours technocratique, entendent un poĂšme Ă  eux offert Ă  l’improviste, remercient. J’ai eu le sentiment parfois qu’ils y retrouvaient une dignitĂ© et comme une fiertĂ© pour eux-mĂȘmes. Il y a une distinction dans la langue du poĂšme qui est une distinction morale. Or, je me souviens Ă  ce sujet de ce que disait Roland Barthes Ă  propos du théùtre populaire, que la distinction ne devait pas ĂȘtre l’apanage de la bourgeoisie mais ĂȘtre un bien commun et que, au peuple, il fallait le donner en partage. Nous vivons un temps vulgaire la seule Ă©coute d’un poĂšme y objecte. Ceci mĂȘme le seul fait de dire un poĂšme pour soi-mĂȘme c’est s’insurger contre la vulgaritĂ© du temps et s’éprouver libre par clandestine insoumission. Propager la poĂ©sie c’est contester l’assimilation du populaire au vulgaire que l’évolution sĂ©mantique de ce dernier terme Ă  travers les siĂšcles Ă©nonce. Rendre la poĂ©sie populaire, la plus distinguĂ©e poĂ©sie, c’est venger le peuple de la vulgaritĂ© Ă  quoi on le rĂ©duit, par le partage de la distinction. Jean-Pierre SimĂ©on, La poĂ©sie sauvera le monde, Le Passeur Éditeur, 2015,
\n \n poésie la différence de jean pierre siméon
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  • poĂ©sie la diffĂ©rence de jean pierre simĂ©on